Skip to main content
Digital Exhibition

Creole Echoes / Résonances Créoles

16


Léona Queyrouze, (1861-1938)

Léona Queyrouze originaire d'une famille créole aisée, est née à la Nouvelle-Orléans en 1861. Son père, fils d'un vétéran de Napoléon, s'y est installé pour y faire le commerce de vins et d'épicerie fine importés de France. Sa mère est une créole native de Saint-Martinville. Les souvenirs d'enfance de Léona Queyrouze sont marqués par les salons que ses parents ont l'habitude de tenir dans leur domicile familial, où ils accueillent la fleur intellectuelle créole de la Nouvelle-Orléans. Très attentive aux discussions qui animent ces réunions dès son plus jeune âge, Léona est bientôt surnommée "la petite Mme de Staël", en référence à son aînée, écrivain qui fait beaucoup parler d'elle en France et dans toute l'Europe. À l'âge de quinze ans, ses parents l'envoient seule passer un an en France afin qu'elle perfectionne sa maîtrise de la langue française.
De retour en Louisiane, elle fait une rencontre décisive pour son avenir de femme de lettres: elle se lie d'amitié à l'écrivain Lafcadio Hearn, alors célèbre sur la scène culturelle de la Nouvelle-Orléans; leur relation ne tarde pas à défrayer la chronique. Hearn l'encourage dans son talent et lit ses premiers poèmes, qu'elle ne tarde pas à publier notamment dans L'Abeille. Elle a alors recours à son pseudonyme masculin, Constant Beauvais, du nom de son grand-père, ancien gouverneur de la Louisiane. "Vision", disponible à la fois en version manuscrite et en version publiée, demeure l'un de ses poèmes les plus connus. Dès sa plus tendre enfance, Léona Queyrouze évolue dans un milieu essentiellement constitué d'hommes plus âgés qu'elle, qui joueront tour à tour dans sa vie les rôles de mentors, de confidents et de courtisans. Sa relation et sa correspondance avec Victor Cousin, de quarante ans son aîné, est à ce titre exemplaire : lors de leur première rencontre en 1881, Cousin offre à Léona les vers suivants:

J'aurais voulu garder pour votre doux visage/ Tous les baisers d'un autre temps;/ Ils ne sont désormais qu'une injure à votre âge / Et ne font plus qu'outrager le printemps.

Par l'intermédiaire de L'Abeille qui publie le poème "Le désir" dans ses colonnes, c'est en ces termes que Léona répond à son vieux courtisan:

Sous ton beau front blanchi, l'éternelle jeunesse/ Palpite, et le printemps et toute sa tendresse/ Et l'art te garde encore ses plus chaudes lueurs.

Ce flirt littéraire se poursuit assidûment pendant plusieurs années: les lettres de Cousin à Queyrouze commencent toutes par "Ma lionne", et dans une de ses dernières lettres en 1888, Cousin regrette le détachement évident de sa jeune muse; en philosophe, il semble se résigner à l'inconstance de la gent féminine:

Sera-ce bien à vous, ma lionne qu'on pourra attribuer ces paroles écrites par François I sur une des vitres à Chambord : Souvent femme varie:/ Bien fol est qui s'y fie!

En 1880, Léona Queyrouze publie dans Les Comptes-Rendus de l'Athénée Louisianais une "Étude sur Racine". À vingt-trois ans, elle donne une conférence à L'Athénée Louisianais sur le thème “De l'indulgence”: c'est la première fois qu'une jeune femme créole fait une allocution publique en Louisiane; cette initiative est alors jugée de mauvais goût. La renommée et l'audace de Léona Queyrouze atteignent bientôt la France; M. Combes, président de l'Académie des Sciences et des Lettres de Bordeaux écrit une lettre où il fait l'éloge de son talent; ses mots sont publiés par L'Abeille le 1er mars 1885 . Grande admiratrice du célèbre écrivain français Émile Zola, Léona Queyrouze lui écrit pour lui faire part de son sentiment et n'hésite pas à lui envoyer un de ses poèmes. Zola prendra le temps de lui répondre. En 1886, Léona Queyrouze passe près d'un an à New York, où elle se consacre à la traduction et à l'adaptation de pièces de théâtre françaises pour la scène américaine. De retour à la Nouvelle-Orléans, elle donne une conférence intitulée "Le patriotisme et Wagner", qui illustre la pluralité de ses intérêts, en présence du Général Beauregard, de Louis Placide Canonge, d'Alfred Mercier et de Charles Gayarré, les patriarches du maintien et de la défense de la langue française en Louisiane. À l'âge de quarante et un ans, Léona Queyrouze abandonne les lettres pour se consacrer à son mariage qui, extrêmement tardif, défie un fois encore toutes les règles de la bonne société créole. Elle retournera à ses premières amours en publiant en 1933 un essai en anglais sur Lafcadio Hearn intitulé, The Idyll: my Personal Reminiscences of Lafcadio Hearn (L'idylle: mes réminiscences personnelles de Lafcadio Hearn). Elle meurt en 1938, à soixante-dix-sept ans.


Case 13 Gallery:

Newspaper Clipping. Letter from Combes, president of the Academy of Sciences and Letters in Bordeaux. L'Abeille, March, 1st 1885. in Queyrouze Papers.
[UU: 71, Box 7A, folder 7: 52]

 

De l'Indulgence. Léona Queyrouze (New Orleans: Imprimerie Franco-Américaine, 1884).
[Hill Louisiana PQ 3939. B27D4]

 

Five Photographs of Léona Queyrouz. in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 5B, folder 5: 42]

 

Five Photographs of Léona Queyrouz. in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 5B, folder 5: 42]

 

Five Photographs of Léona Queyrouz. in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 5B, folder 5: 42]

 

Five Photographs of Léona Queyrouz. in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 5B, folder 5: 42]

 

Five Photographs of Léona Queyrouz. in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 5B, folder 5: 42]

 

MS letters, Léona Queyrouze to Émile Zola and reply from Zola. in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 5A, folder 5: 36]

 

MS letters, Léona Queyrouze to Émile Zola and reply from Zola. in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 5A, folder 5: 36]

 

MS letters, Léona Queyrouze to Émile Zola and reply from Zola. in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 5A, folder 5: 36]

 

Manuscript poem. "Vision". in Queyrouze Papers.
[UU: 70, Box 6, folder 6: 45]

 

Newspaper Clipping. "Vision” in Queyrouze Papers.
[UU: 71, Box 7A, folder 7: 56]

expand
Tile Cover
People troubleshooting on a computer
Ask Us
Tile Short Summary
Check our FAQs, submit a question using our form, or launch the chat widget to find help.