Creole Echoes / Résonances Créoles
Alfred Mercier, Adrien Rouquette, Placide Canonge: Le Médecin, le Prêtre et le Dandy.
Alfred Mercier, Adrien Rouquette et Placide Canonge se sont côtoyés sur la scène culturelle de la Nouvelle-Orléans, où ils ont chacun joué une rôle primordial dans les lettres et la musique créoles. La multiplicité de leurs intérêts et de leurs occupations illustre l'effervescence de la vie culturelle de la Nouvelle-Orléans au XIXème siècle, où les individus, loin de se spécialiser dans une discipline particulière, n'hésitaient pas à privilégier une extrême diversité dans les arts qu'ils appréciaient et pratiquaient. Ainsi Mercier, médecin érudit au grand cœur, manie le verbe avec autant d'aisance dans ses fictions que dans ses ordonnances. Il est entouré d'un groupe de médecins créoles, dont font partie Charles Deléry et Charles Testut, qui partagent son goût pour les lettres francophones. Adrien Rouquette finit par dévouer sa verve et ses talents d'orateur à l'Église, continuant néanmoins à se consacrer à la poésie et à la musique avec assiduité. Louis Placide Canonge est quant à lui une espèce rare d'homme à tout faire, un travailleur acharné omniprésent dans le domaine de la presse, où ses contributions sont innombrables, mais aussi dans les milieux du théâtre et de l'opéra. Tous trois multiplient les allers-retours entre la France et la Louisiane, principalement pour mener à bout des projets de composition. Tous trois se connaissent et se reconnaissent des talents singuliers.
Alfred Mercier (1816-1894)
Alfred Mercier est né en Louisiane en 1816. Sa famille, originaire de Gironde, l'envoie à Paris dès ses 14 ans pour qu’il y reçoive la meilleure éducation: il est d'abord instruit au Collège Louis le Grand, puis à la Faculté de droit, mais manifeste très tôt son goût pour les lettres. Son retour à la Nouvelle-Orléans en 1838 est aussitôt suivi d'un séjour à Boston, où Mercier se rend dans le but d'apprendre l'anglais. Après quelques années passées entre la Louisiane et Boston, il repart en 1842 à la découverte de l'Europe. Son séjour de cinq mois en Italie et plus particulièrement en Sicile lui inspire un roman publié en 1873: Le Fou de Palerme. Pendant la Révolution de 1848, il contribue au journalisme louisianais en envoyant à la Nouvelle-Orléans des articles sur les événements qui aboutissent au couronnement de Napoléon III. Il épouse la fille du propriétaire de la pension où il séjourne, à la suite d'une grave maladie au cours de laquelle cette dernière le soigne avec attention. Il commence ses études de médecine à Paris à l'âge de 33 ans et, ayant obtenu son diplôme, il emmène les siens à la Nouvelle-Orléans, où il commence à exercer la profession de médecin. Pendant la Guerre Civile il retourne à Paris et multiplie les efforts pour convaincre la France de se rallier à la Confédération. De retour à la Nouvelle-Orléans après la guerre il rédige pour le Picayune des articles critiques portant sur les représentations données à l'Opéra français. Grand amoureux des lettres, il parle couramment plusieurs langues et porte un très grand intérêt à la préservation de la langue française en Louisiane. Aussi fait-il partie des initiateurs de L'Athénée louisianais, dont il est le secrétaire-trésorier jusqu'à sa mort. Dans un article intitulé "Progrès de la langue française", publié par Les Comptes-Rendus de l'Athénée louisianais en septembre 1883, Mercier tient ces propos, à la fois nostalgiques et visionnaires:
Le jour où l'on cessera de parler le français en Louisiane, si jamais ce jour doit arriver – ce que nous ne croyons nullement – il n'y aura plus de Créoles; le groupe original et puissant qu'ils formaient dans la grande famille nationale des Etats-Unis, aura disparu, comme disparaît, avec son goût et sa couleur, le vin que l'on noie dans le fleuve qui passe.
À la suite de la publication de La fille du prêtre en 1877, où il s'attaque au célibat ecclésiastique, on l'accuse d'être un libre-penseur et c'est de justesse qu'il évite un complet ostracisme de la communauté littéraire francophone de la Nouvelle-Orléans. Il publie L'Habitation Saint-Ybars en 1881: les critiques saluent l’ouverture d’esprit et l'audace qui ont incité Mercier à rédiger de nombreuses pages de son “récit social” en creole noir. Reconnaissant des services qu'il a rendus à la cause française, le gouvernement français le nomme officier de la Légion d'Honneur en 1885. Mercier meurt en 1894 à l'âge de soixante-dix-huit ans.
Pamphlet. "Etrenne offerte aux abonnés de l'Athénée", Alfred Mercier, (1888) in Pamphlets, Alfred Mercier.
[Hill Louisiana Rare Oversize PQ 3939 M5 A6 no.5 ]
Pamphlet. "La fièvre jaune, sa manière d'être à l'égard des étrangers à la Nouvelle-Orléans et dans les campagnes". Alfred Mercier. (Paris, Delahaye, 1860). in Pamphlets, Alfred Mercier.
[Hill Louisiana Rare PQ3939M5A6, no.1]
Photograph. “Alfred Mercier". in A History of Louisiana.Vol.3. Alcée Fortier. (New York: Goupil & co. of Paris, Manzi, Joyant & co., successors, 1904).
[Hill Louisiana F369 F74 1904a v. 4. c.1]
Engraving. "A Nurse Mammy." in Century Magazine, vol.31 no.6, April 1886.
[Hill Rare 051 C33]
Fiction. Le vieux Salomon, ou une famille d’esclaves au XIXème siecle. Charles Testut. (New Orleans, 1972).
[Hill Louisiana PQ 3939 .T4 V5 1872]
Fiction. L'Habitation Saint-Ybars ou Maîtres et Esclaves en Louisiane. Récit Social. Alfred Mercier (New Orleans: Imprimerie franco-américaine (E. Antoine), 1881).
[Hill Louisiana Rare PQ 3939 M5 H3 1881 c.3]